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S’adapter à la sécheresse

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La sécheresse, qui touche le département depuis plusieurs mois, a engendré une distribution de fourrage plus ou moins précoce selon les secteurs. Comment s’adapter au mieux à cette situation ? Quelles solutions pour limiter la distribution de fourrage aujourd’hui et demain ?

Stratégies à mettre en œuvre aujourd’hui … si ce n’est déjà fait 

Le premier levier sur lequel on peut jouer et gagner en quantité de fourrage à distribuer est le sevrage. Si les veaux, mâles ou femelles, sont assez âgés (à partir de 5 mois) et assez lourds, il est possible d’avancer le sevrage. Ainsi la complémentation des mères pourra se faire de manière moins importante, et avec des fourrages moins riches. Loin du terme, leurs besoins sont moins élevés.

Attention à la transition alimentaire des veaux. S’ils nécessitent une complémentation, elle doit débuter au moins une semaine avant sevrage pour ne pas les pénaliser lors d’une transition alimentaire trop brutale.

La distribution de paille avec complément liquide éventuellement (mélasse ou aliment protéique) peut être envisagée pour les vaches à plus de deux mois du vêlage, ou pour des génisses de deux ans. En effet les besoins de ces catégories ne sont pas les plus élevés. Une perte d’état peut être acceptée dans la mesure du raisonnable pour des animaux à deux ou trois mois du terme. Au-delà, elle n’est plus envisageable, et les animaux proches du terme doivent avoir toute votre attention.

Les vaches proches du vêlage, voir même déjà en lactation doivent donc recevoir dores et déjà vos meilleurs fourrages. Une complémentation peut être envisagée si nécessaire.

Bilan des stocks 

La distribution de fourrage d’été a-t-elle entamé vos stocks pour l’hiver ? Bien évaluer ses stocks, en quantité et en qualité s’avère dans tous les cas nécessaire. Faire un inventaire précis des besoins en les confrontant aux stocks disponibles permettra alors de prendre la décision la plus adaptée pour utiliser au mieux chaque fourrage. La comparaison « à l’œil » du volume occupé par les récoltes dans les silos ou sous le hangar par rapport à une année « normale » permet d’avoir une idée approximative du volume de fourrages manquants malgré une relative imprécision. Faire une évaluation plus précise en matière sèche s’avère donc nécessaire pour la comparer aux besoins des animaux. 

Besoins de mon troupeau : Disposez-vous d’assez de fourrages pour cet hiver ? Les besoins varient en fonction du format du cheptel, des catégories, des âges, des niveaux de croissance souhaités, du stade physiologique (gestation, début d’allaitement, reproduction…) et de l’état à l’entrée. En fonction des dates de vêlage, il faut de 1.6 à 2.4 T de MS/UGB pour l’hiver.

Quoi faire si vous êtes « dans le rouge » au niveau des stocks ?

Afin d’anticiper le manque de stock, il est possible d’anticiper la distribution de fourrage de l’hiver, et de l’ajuster au mieux aux différentes catégories. Les animaux ayant les besoins les plus élevés se verront attribuer les meilleurs fourrages : ne pas pénaliser les vaches en toute fin de gestation et début de lactation  (3 semaines avant et 3 semaines après vêlage), sous peine de voir apparaître des problèmes sanitaires (diarrhées, vêlages difficiles ou encore mauvaise reproduction !). Les génisses les plus jeunes ayant des besoins de croissance élevés, mais une faible capacité d’ingestion devront, elles aussi, avoir droit aux meilleurs fourrages. En revanche, les génisses de deux ans et les vaches loin du terme (vêlages de fin d’hiver par exemple) pourront avoir des fourrages moins riches durant l’hiver.

S’il faut distribuer de la paille en substitution à un fourrage … là encore il faut privilégier les catégories aux besoins les plus faibles, et complémenter en conséquence car la paille n’a qu’une très faible valeur alimentaire. Si elle devient le fourrage de base de la ration, il faudra veiller à équilibrer la ration en énergie et en protéine. Par exemple, pour une vache en gestation, avec une distribution de 4.5 kg de paille et 5 kg de foin, il faudra compter de l’ordre de 1.6 kg de céréales et 0.5 kg de tourteau de colza (D’autres rations pour les différentes catégories vous seront proposées dans une prochaine édition).  

D’autres pailles telles que la paille de pois peuvent également être incorporées dans les rations. Il est aussi possible d’envisager de récolter les cannes de maïs en ensilage ou enrubannage (0.6 UFL/kg MS, 6 % MAT, 1.27 UEB). La valeur marchande de ce produit est un équilibre à trouver entre la valeur fertilisante pour le sol, liée à l’exportation, et la valeur alimentaire (proche d’un foin) pour les rations.

Concernant la qualité des fourrages à disposition, et notamment des ensilages de maïs, si les valeurs alimentaires ne sont pas au rendez-vous, penchez-vous dès maintenant sur les possibilités de complémentation. L’ajout de céréales pour pallier le manque de grains dans les ensilages de maïs peut être une solution. Il est également envisageable de se procurer des pommes de terre (1.2 UFL/kg MS, 11 % MAT) de la pulpe de betteraves sur pressée (1.01 UFL/kg MS, 8 % MAT), du maïs épi (1.1 UFL/kg MS, 10 % MAT , 1.05 UEB).

Enfin, quelques soit les catégories, il est possible de ne pas combler totalement la capacité d’ingestion de vos animaux (70% minimum) mais d’ajuster les rations pour que les apports en énergie et en azote couvrent leurs besoins. Un fractionnement des apports de fourrages fibreux et des concentrés permettra des économies tout en préservant l’équilibre du rumen.

Nous reviendrons sur ces questions de rationnement dans une prochaine édition.

En cascade …  manque de paille pour la litière  

Si les stocks de paille baissent à vue d’œil, et que la litière risque d’être pénalisée, il faudra envisager également d’autres solutions pour remplacer une partie de la paille … sciure, miscanthus, cannes de maïs ?... (Voir encadré ci-dessous)

Pour tout renseignement, ou pour prendre rendez-vous, contactez le service élevage de la Chambre d’Agriculture au 04 70 48 42 42.

QUELLES SOLUTIONS POUR LA LITIERE ?

Les faibles disponibilités en paille de céréales et l’utilisation pour l’affourragement contraignent à envisager des solutions alternatives pour les litières.

La paille de céréales reste le produit de litière le plus efficace, en situation de manque de disponibilités ou de forte augmentation des coûts il faudra très certainement modifier les pratiques habituelles. On pourra par exemple limiter l’accès au couchage en bloquant les animaux au cornadis pendant la distribution des rations, si possible on prévoira plus de surface par animal, la fréquence des curages pourra être augmentée, l’utilisation d’asséchant de litière pourra être envisagé… etc.

Pour les génisses de renouvellement ou les vaches à vêlages tardifs, il peut être possible de « prolonger » le pâturage sur une parcelle saine (il faudra alors adapter les rations en fonction). De plus, si le paillage doit être limité en quantité, faire l’économie de préférence pour les génisses de renouvellement ou les lots de mâles à vendre (attention à la propreté tout de même) mais en aucun cas pour les vaches en fin de gestation et suitées ni les cases à veaux et box de vêlages.

Pour économiser de la paille dans les litières, différents matériaux peuvent être envisagés. Leurs caractéristiques étant différentes, ils n’ont pas les mêmes propriétés de litière (confort des animaux, facilité de distribution, stabilité de litière, stockage,….). Quel que soit le produit, il est indispensable d’utiliser un matériau bien sec, non contaminé, non moisi et surtout le plus absorbant possible. En matière de conservation, le produit doit être stocké au sec pour éviter tout risque de moisissures ou bactéries.

Pour les cannes de maïs, la teneur relativement élevée en humidité (2 fois le taux d’humidité du grain à la récolte) et la difficulté à les faire sécher au sol doivent inciter à la prudence : stockage des balles à l’extérieur dans un premier temps, si possible dérouler ou étaler une première couche dans la stabulation pour assurer un séchage supplémentaire et limiter les moisissures, privilégier le « paillage » avec ce produit pour les catégories les moins à risques sur le plan sanitaire (éviter les vaches suitées…).

La valeur de ces produits est difficile à estimer, il conviendra également de prendre en compte la valeur fertilisante (unités N P et K + matière organique) qui ne retournera pas à la parcelle. Des échanges paille contre du fumier peuvent être envisagés. Pour ce faire, il faudra tenir compte de la valeur fertilisante du fumier, de la valeur de la paille et des conditions d’échanges (distance, qui fait quoi…).

Par quel matériau peut-on substituer la traditionnelle paille de céréales pour les litières ?

 

Type

Caractéristiques

Sciure

- de bois blanc plutôt que de résineux.

- sous couche de 15 - 20 cm minimum + paille éventuellement si catégorie à risque.

- destiner en priorité aux génisses de renouvellement et aux animaux prévus à la vente.

- 1 m3 =  400 kg de paille.

Bois plaquette

- de bois blanc plutôt que de résineux.

- calibrage de l’ordre de 20 mm.

- seul ou avec de la sciure.

- sous couche de 15 - 20 cm + paille.

- 1 m3 =  250 kg de paille.

Cannes de maïs

- utilisation plus délicate (car produit plus humide), étaler une sous-couche.

- broyage obligatoire.

Miscanthus

- paillage intégral.

- 20 – 25 kg / m².

Dolomie

- amendement basique.

- fort pouvoir absorbant.

- sous couche de 8 - 12 cm + paille.

 

 

 


 

Côté moutons … gérer l’alimentation pour assurer la fertilité et la prolificité

Si les vaches sont gestantes ou allaitantes, pour la majorité des éleveurs ovin s la même question se pose : en l’absence d’herbe, comment assurer les luttes ?

On le sait et on ne le répètera jamais assez, l’herbe en quantité et en qualité est l’un des principaux déterminants de la fertilité et de la prolificité en élevage ovin.

Si les précédentes sécheresses ont été plutôt printanières, causant un déficit de fourrages récoltés, 2018 est marqué par un printemps humide suivi d’u0n été trop chaud et très sec. Du coup, si les quantités récoltées ont été à priori suffisantes, la distribution dès le mois d’août peut mettre à mal les stocks. Mais surtout, le manque de pluie a empêché d’une part les repousses, mais aussi l’implantation de dérobées pour faire le flushing indispensable à la lutte d’automne.

Stratégies à mettre en œuvre

Tout comme pour les vaches allaitantes, le sevrage est le premier levier à activer.

Sevrer les agneaux, les déparasiter, les tondre et les rentrer en bergerie pour les engraisser est indispensable. Paille de bonne qualité, eau à volonté et aliment complet représentent une ration adéquate.

Préférez les anciens bâtiments, plus frais, pour engraisser vos agneaux. La première dépense d’énergie d’un animal est faite pour réguler la température corporelle.

Assurer autant que faire se peut un flushing correct

Deux mois avant la mise en lutte pour les béliers, et 3 semaines pour les brebis, déparasitez vos reproducteurs. Œstres, coccidies, strongles et ténias sont en recrudescences cette année. Ne sous estimez pas le poids des animaux, sous peine d’inefficacité du traitement.

Ensuite, pour remplacer l’herbe ou les dérobées, différentes solutions peuvent être envisagées :

  • Distribution de céréales : si l’avoine a souvent été mise en avant, elle n’a pas d’effet supérieur à une autre céréale. Ainsi, l’orge ou le maïs peuvent très bien convenir.
  • Distribution d’un aliment complet : différentes formules d’aliment sont proposées par les fabricants, dont certains spécifiques pour la mise en lutte.
  • Diminuer le nombre de brebis par bélier : avec habituellement un bélier pour 40 brebis en lutte d’automne, en période de sécheresse 30 brebis par bélier sont suffisantes.
  • Tondre : la tonte partielle des bourses et du pourtour du fourreau chez les béliers et de la région génitoanale de la femelle (« écussonnage ») favorise les saillies et la fertilité.
  • Faire un effet bélier : cette technique vise à stimuler l’activité sexuelle de la femelle par la mise en présence des deux partenaires, 15 jours avant la date prévue des fécondations. L’introduction soudaine des béliers après une période d’isolement complet d’au moins 1 mois, va déclencher chaleurs et ovulations sur un nombre non négligeable des femelles du troupeau. Il s’en suite une amélioration de la fertilité.
  • Poser des éponges : la pose d’éponge et l’injection de PMSG sur tout ou partie des femelles permet de déclencher les chaleurs et l’ovulation. Selon la dose de PMSG administrée, on constate une augmentation de la prolificité de 25 à 30 %.
  • Gérer le rythme des saillies : en période de reproduction, les béliers ont un effort important à fournir. Aménager des périodes de repos pour les béliers conduit à améliorer les résultats de fécondité. Du fait que l’activité sexuelle est plus intense en fin d’aprèsmidi et la nuit, retirer les mâles durant la journée favorise la fécondité.

 

En conclusion

Les années de sécheresse sont couteuses en temps, en aliment, et sanitairement. Assurer les luttes pour préserver ses résultats techniques de reproduction est indispensable pour diminuer l’effet sécheresse sur le nombre d’agneaux à naitre et à vendre, et les retombées économiques inhérentes.

Pour conforter vos rations, les agents de la Chambre d’Agriculture vous proposent leurs services. N’hésitez pas à les contacter au 04 70 48 42 42.


Disponibilités en plaquettes de bois

Face à la flambée des cours de la paille et au manque de disponibilités, la Chambre d’Agriculture et la FDCUMA organisent conjointement une opération « plaquette de bois » :

  • Pour les éleveurs souhaitant acheter des plaquettes déjà réalisées et directement utilisables.  Des stocks sont disponibles sur plusieurs sites dans le département, le lieu souhaité de chargement est  à préciser lors du contact. Le recours à un transporteur peut être envisageable.
  • Pour les éleveurs ayant des ressources en bois (bois blanc ou résineux de préférence) et souhaitant faire broyer et éventuellement abattre leur stock. Des créneaux pourront être réservés pour les éleveurs ou les groupes d’éleveurs à partir de mi-novembre sous réserve que la quantité à traiter soit suffisante et le chantier organisé de manière à permettre une utilisation optimale des engins pour pouvoir satisfaire le plus de demandes possible (facturation à l’heure).

Pour tout renseignement contacter la Chambre d’Agriculture à Moulins 04.70.48.42.42 qui centralise les demandes.